rencontre

  • Simple résumé de 12 h de bus

    Nous sommes le 7 février 2014, aux environs de 7 heures. La gare routière de Poitiers n'est pas chauffée. Le froid accentue le tremblement de nos jambes, et sèche les larmes de quelques parents émus de voir partir leur fils ou leur fille. Un professeur d'espagnol d'Henri IV nous demande de bien vouloir monter dans le bus, ce que nous faisons, après avoir dit au revoir une dernière fois à nos parents, et pour certains, à nos frères ou nos sœurs. Avant d'entrer dans l'autobus, une dame du rectorat nous demande nos noms, et nous invite à sortir nos cartes d'identité une fois installés. Je m'assoie sur un siège de la rangée de droite et me colle contre la fenêtre pour pouvoir regarder le paysage.

    Nous sommes 28 élèves à monter dans ce bus. 28 adolescent âgés de 13 à 16 ans a avoir été sélectionnés pour participer à un échange de deux semaines avec la région de Castilla-y-Léon en Espagne. Nous partons rejoindre nos correspondants, déjà venus en France au mois de janvier.
    Personnellement, je redoute ce voyage de 12 heures car je ne connais personne, à part un handballeur qui ne me parle plus depuis plusieurs semaines, et un garçon croisé à une «réception», dont Maria connaissait le correspondant, mais je n'ai retenu que la couleur de ses yeux. 

    Je suis tout à coup tirée de mes pensés par un garçon de seconde qui me demande si il peut s'assoir à côté de moi. J'accepte avec l'espoir d'être tombée sur quelqu'un de bavard. Mais après les annonces respectives du chauffeur et du professeur accompagnant précisant les heures d'arrêts et d'arrivée, mon voisin visse ses écouteurs dans ses oreilles et bombarde ses amis de SMS. Je fait de même avec mon casque, et observe discrètement les personnes assises dans l'allée d'en face. Trois filles bavardent entre elles et un garçon plonge progressivement dans le sommeil.
    Après 2 heures de route, nous nous arrêtons sur une aire de repos pour une pause de 10 minutes , destinée à aller au toilettes, à nous dégourdir les jambes et à fumer pour ceux qui fument. ( Fumer tue !!!) Je remonte rapidement dans le car en priant pour avoir pris des mouchoirs dans mon sac. Non. Bien, nécessité oblige, je repère une fille assise à l'avant qui paraît seule et je lui en demande un. Elle est visiblement plus maligne que moi, car elle a emmené deux paquets...
    Nous repartons ensuite pour 2 heures d'autobus, ponctués par les éclats de rires d'une dizaine de voisins regardants un film d'horreur. 

    Au moment de manger, je remarque que la fille de tout à l'heure est aussi seule que moi, et, bien décidée à ne pas manger toute seule, je l'aborde. Elle m'apprend qu'elle s'appelle Victoria, qu'elle à 14 ans, et que je suis bien la «petite» du voyage. Elle est venue avec 14 élèves de sa classe, mais elle ne les apprécie pas, ce qui explique qu'elle soit toute seule. Le constat est vite fait : elle est aussi folle que moi, et nous avons les mêmes centres d'intérêt. Après avoir boulotté la moitié de notre pique nique sous un vent violent, nous retournons dans le véhicule de voyage où je m'installe à côté d'elle. Nous passons les heures suivantes à parler écouter de la musique, manger le reste de notre pique nique, et à échanger nos opinions sur les garçons qui nous accompagnent. 

    Nous achetons deux sodas à l'aire de repos suivante, et passons la frontière franco-espagnole. La première chose que nous constatons est la différence entre les panneaux de signalisation français et ceux espagnols. Nous croisons la mer peu après, et nous arrêtons une dernière fois avant de laisser un quart des ados français à Burgos, puis d'arriver à Valladolid. Nous voyons enfin nos correspondantes et leur familles à travers la vitre du bus. Nous descendons nos valises, et nous nous disons au revoir jusqu'au lendemain, puisque Maria et Isabel sont dans le même lycée.

    Nous avons donc passé deux excellentes semaines avec Maria et Isabel, qui se sont terminées par des larmes à la gare routière de Valladolid. Et une chose est sûre, nous nous reverrons cet été, que ce soit en France ou en Espagne, et que ce soit moi et Maria, Victoria et Isabel, Sébastien et César, Arthur et Sarah, ou ceux dont je ne connaît pas les noms.
    Et merci aux professeurs d'espagnol, accompagnant ou non, aux deux chauffeurs du bus, aux personnes du rectorat chargés de cet échange, aux familles qui nous ont accueillis, et aux élèves espagnols.

    Zoé