Le centième jour...

Vous êtes nombreux à être venus m'interroger sur la signification de tout ça... Bon, en fait, nombreux, c'est peut-être un peu exagéré... Quelques-uns tout au plus... Bon, en fait, quelques-unes... Bon, ça va, c'est bon, une personne en fait m'a demandé ce que tout ça voulait dire... Au moins quelqu'un me lit, c'est toujours ça... Merci Alex !!! Je te dois donc quelques explications avant d'aller plus loin.

Bon, en fait, je ne fais que retranscrire un "bulloscrit" découvert il y a peu près de chez moi. comme tu le sais sans doute, il y a longtemps que les scientifiques se penchent sur ce qu'on appelle la "mémoire de l'eau". De nombreuses séries futuristes ont d'ailleurs fait leurs choux gras de ces théories, imaginant des ordinateurs utilisant l'eau comme barre mémoire... Ces théories représentent un réel espoir pour les scientifiques, notamment en ce qui concerne la miniaturisation des micro-processeurs. Mais j'imagine que tu n'as aucune envie que je te détaille les applications pratiques de ces recherches... Il te suffit probablement de savoir que ces recherches ont pris un tout nouveau tour très récemment grâce aux découvertes d'un professeur suisse, au bords du Lac Léman, qui est enfin parvenu à décoder une micro-bulle d'air contenue dans le lac... Il s'agit en fait d'un code quasi-comparable au code génétique, et ce sont les recherches sur le décryptage du génome humain qui ont conduit à l'élaboration d'un logiciel qui, couplé à un microscope électronique à balayage, a permis ce décryptage.

Bref, je ne vais pas t'ennuyer plus longtemps avec ces détails qui nuisent un peu à ma narration, mais tu connais ma passion pour les sciences improbables, et comme je suis en contact avec de nombreux scientifiques un peu "zébulons" à travers la planête, je lui ai demandé d'effectuer une recherche sur un échantillon de la Sèvre niortaise. Le texte que je présente grâce à ce blog n'est en fait pas de moi, mais uniquement le fruit de ce décodage... Je le livre à mesure qu'il me parvient... Un peu comme toi, j'aimerais comprendre... A très vite.

Je me souviens des tous premiers jours, dans le banc. Finalement, tout commence toujours de la même manière, et nos images sont communes... Qu'est-ce qui peut bien faire la différence ? Bref...

Nous habitions un petit bras de rivière, assez tranquille. Il fallait juste faire attention au monstre, et ne pas se laisser emporter les jours opaques...

En fait, les mots utilisés ne sont pas ceux-là, mais au travail de décryptage se rajoute un travail de mise en forme, de manière à rendre compréhensible l'histoire... Nous supposons que le monstre évoqué pourrait être un brochet, ou encore un silure. A moins que ce ne soit une allusion à d'autres prédateurs du marais poitevin. En l'état actuel de notre recherche, nous n'en sommes qu'aux balbutiements et tout reste à faire. Il nous reste notamment à déterminer quelle est l'espèce qui se révèle ainsi scribe de son époque, de son milieu, et aussi de quelle époque il s'agit... Quant aux jours opaques, je dois reconnaître que pour l'instant, c'est obscur...

Il y avait aussi les grands mystères... Tout ce qui nous laissait penser qu'il pouvait y avoir autre chose que cette vie là !!! Nous n'avions pas tous la chance d'être élus par la grande disparition, et les anciens qui racontaient être ainsi partis un jour avaient du mal à être clairs dans leurs explications... Certains évoquaient un monde clos et circulaire, avec à l'évidence une certaine surpopulation, quoi que d'autres parlaient d'un lieu presque identique mais solitaire. Une alternative à cet endroit (ces endroits ???) était une sorte de cage à l'écart... J'ai même entendu une version évoquant des caresses ventrales suivies de la libération, mais il est vrais que celle-ci n'était guère crédible... Quoi qu'il en soit, tous ceux qui revenaient de la grande disparition indiquaient les mêmes symptômes avant-coureurs : une piqüre assez vive à l'intérieur de la bouche, suivie d'une sensation d'envolage (les recherches menées ne permettent aujourd'hui toujours pas de trouver un équivalent au terme utilisé, qui est donc un néologisme à partir de l'envol et de la nage. Nous espérons évidemment affiner le vocabulaire au plus près, mais aujourd'hui, c'est l'urgence qui prévaut...).

En fait, j'ai moi-même eu l'occasion d'assister, faute d'être élu, à une disparition... J'aurais aimé pouvoir en discuter avec lui, mais il n'est jamais revenu, comme la plupart de ceux qui sont choisis, en fait... De toute manière, à présent, il est probable que j'aurai très vite les réponses... Ou pas...